Le vin à la naissance de la ville antique de Tolosa
Conférence donnée dans le cadre de l’ESOF 2018 – Science in the City
Espace Bazacle EDF
Mercredi 11 Juillet 2018
Marie-Thérèse Marty, Ingénieur de Recherche CNRS – UT2J, Toulouse
Pierre Sillières, Professeur émérite, Université M. de Montaigne, Bordeaux
Christian Darles, Architecte archéologue, professeur émérite, ENSA, Toulouse
Jean-Marie Pailler, Professeur émérite, UT2J, Toulouse
Un peu d’histoire….
L’amphore est un des symboles de l’occupation gauloise à la fin de l’âge du Fer dans le Toulousain. Les champs situés sur les plateaux de Vieille-Toulouse et de Pech-David sont truffés de miliers de leurs fragments, de même à l’emplacement de l’ancienne caserne Niel, à Saint-Roch. Il s’agit principalement de conteneurs originaires d’ateliers installés sur la côte ouest de l’Italie, et transportant du vin. Acheminés par voie maritime, ils étaient déchargés dans les ports de Narbonne, puis conduits jusqu’à Toulouse en chariots à travers l’isthme gaulois et le seuil de Naurouze. Leur itinéraire terrestre est bien connu grâce au discours de Cicéron « Pro Fonteio » dans lequel l’auteur, en 68 av. J.-C. défend le gouverneur de la Narbonnaise Fontéius accusé d’imposer des taxes de péage exorbitantes sur chaque amphore vinaire lors du franchissement des étapes situées entre Narbonne et Toulouse, à l’extrémité de la Provincia. Une partie continuait son chemin vers l’Aquitaine, l’autre était destinée aux marchés locaux et régionaux. A Toulouse la plaque tournante de ce trafic se situait dans l’actuel quartier Saint-Roch. Des tonnes de débris et d’amphores entières ont été mises au jour. Les fragments servaient de matériaux isolants pour l’assainissement des bâtiments implantés sur des terrains humides et marécageux, pour stabiliser les voies de circulation, colmater les coffrages des puits ou former des canalisations. Ces vestiges témoignent de l’importance des flux commerciaux et d’une réutilisation quasi systématique correspondant à la nécessité de se débarrasser de la masse de ces conteneurs trop encombrants.
La tendance à l’ivrognerie prêtée aux Gaulois dans trop de publications doit être relativisée, malgré la masse impressionnante des vestiges amphoriques découverts dans le Toulousain. Un calcul théorique a été réalisé, il accorde une consommation moyenne annuelle de 500 litres par personne ; l’équivalent de vingt amphores. Petit à petit on assiste à une baisse des importations de vin. L’une des raisons les plus probables d’un tel changement serait l’introduction de la viticulture à Toulouse et dans les environs. La quasi-absence d’amphores vinaires gauloises produites dans la région de Narbonne au siècle suivant pourrait s’expliquer par la consommation de vins locaux ou régionaux transportés en conteneurs périssables (le tonneau ?). Le territoire de Gaillac, sur les bords du Tarn, serait susceptible d’être l’un de ces producteurs. (Laurence Benquet dans « Toulouse, naissance d’une ville », éd. J.-M. Pailler).
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