Les portes fortifiées de Shabwa, analyse et comparaisons
Raydân 8
Aden-Sanaa
L’ensemble monumental constitué par les trois remparts qui protégent la capitale antique du Royaume de Hadramawt offre la particularité de posséder un minimum de dix portes, de construction et de nature différentes, dont les rôles respectifs sont encore difficilement compréhensibles[1]. Les pages qui suivent vont tenter, après une description architecturale et une présentation de leur emplacement dans la structure urbaine de la ville, de proposer une interprétation de leur fonctionnement et de leur rôle, sans nul doute hiérarchisé, en interface entre la ville et son territoire[2].
Les auteurs de l’antiquité relèvent l’importance du rôle joué par les dispositifs d’entrée dans la ville de Shabwa. Ainsi dans son livre XII, Pline précise que : « L’encens ne se trouve nulle part qu’en Arabie, et encore pas dans toute l’Arabie. A peu près au centre du pays sont les Atramites, tribu des Sabéens, dont la capitale, Sabota, est bâtie sur une haute montagne, à huit étapes de la région thurifère appelée Sariba, nom qui, d’après les Grecs, signifie mystère »[3] puis plus loin « L’encens récolté est transporté à dos de chameau à Sabota, où une seule porte lui est ouverte. Prendre une autre porte est un crime que les rois ont puni de mort. Là les prêtres prélèvent au profit du dieu qu’on appelle Sabis une dîme non à la pesée, mais au volume ; et il n’est pas permis d’en vendre auparavant. Cette dîme sert à couvrir les dépenses publiques ; car le dieu nourrit aussi généreusement ses hôtes pendant un certain nombre de jours »[4], et il poursuit « On ne peut l’exporter que par le pays des Gebbanites (Qataban) ; aussi paye-t-on un tribu également à leur roi ».
S’il faut en croire Pline, il y a donc plusieurs portes et l’une d’entre-elles possède la particularité d’être le point de passage obligé pour la récupération des taxes liées au trafic des caravanes. En outre les caravaniers sont les hôtes de la cité durant plusieurs jours ou même plusieurs semaines. Plusieurs questions se profilent : par où rentrent les caravanes ? Où payent-elles leurs taxes et où stationnent-elles ?
[1] BRETON 1994 [2] DARLES 2003 [3] Pline, Histoire Naturelle, XII, 52 : « In medio eius fere sunt Atramitae, pagus Sabaeorum capite regni Sabota in monte excelso, a quo octo mansionibus distat regio eorum turifera Sariba appellata; hoc significare Graeci mysterium dicunt ». [4] Pline, Histoire Naturelle, XII, 63-64 : “Tus collectumSabotam camelis conuehitur, porta ad id una patente. Degredi uia capital reges fecere. Ibi decumas deo quem uocant Sabin mensura, non pondere, sacerdotes capiunt, nec ante mercariicet. Inde inpensae publicae tolerantur ; nam et benigne certo dierum numero deus hospites pascit.”
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