Publication des fouilles de Shabwa – Volume V
Shabwa, une ville fortifiée,
> Voir la couverture de la publication
> Lire la recension publiée dans la revue “Syria” – 2020 – édition électronique.
A la suite d’occupations antérieures, que nous ne connaissons que ponctuellement à travers deux sondages stratigraphiques, l’antique capitale du Ḥaḍramawt est installée vers le VIIIe siècle av. J.-C., à une altitude d’environ 700 m, au centre d’un triangle de collines issues d’un soulèvement tectonique lié à la présence d’un dôme de sel. L’arête orientale de Qarāt al-Hadidā est composée de couches de galets redressées, recouvrant des lits de gypse, son sommet dominant l’ensemble du site à 747 m. La crête orientale continue de Qarāt al-Ghirān, de Qarāt al-Burayk et d’al-Hajar, plus tourmentée, est constituée de couches de gypse implantées au-dessus de schistes bitumineux.
La ville elle-même est adossée à la paroi sud de cet ensemble de collines, l’éperon d’al-‘Aqab, dont les couches de grès ont été exploitées durant l’Antiquité pour fournir la quasi-totalité des blocs de soubassement des édifices de la ville. Près de cent-trente maisons-tours, à caractère défensif, ont été identifiées, ce qui permet de supposer que la ville, à son apogée comportait plus de deux cents édifices. Parmi eux plusieurs temples. Au centre de ce triangle de collines, la dépression d’al-Sabkha abrite des mines de sel gemme encore exploitées.
La ville possède une muraille intérieure et deux enceintes extérieures distinctes. Le rempart intérieur, continu, comporte trois côtés composés de courtines et de tours alternées. Cette ligne de fortifications est adossée à l’éperon d’al-‘Aqab dont la crête est elle-même couronnée d’une muraille discontinue. La première enceinte extérieure se rattache à la muraille intérieure par une tour en grand appareil, Dar al-Kāfir, correspondant à l’emplacement de la porte n° 6. Elle suit ensuite les crêtes des collines, renforcée d’une ligne avancée de bastions et de divers flanquements aux franchissements des cols et des thalwegs. Cette première ligne de défense fait face au désert et contrôle les passages vers le Jawf et la région de Ma’rib. La deuxième enceinte extérieure entoure la « citadelle » d’al-Hajar, édifice légèrement excentré qui protège le flanc sud du site vers l’amont du wâdî ‘Atf et vers les passes du Jawl utilisées pour rejoindre la vallée du wâdî Ḥaḍramawt. L’enceinte intérieure et la première muraille extérieure sont concentriques et tangentes a niveau de l’éperon d’al-‘Aqab et du côté occidental du rempart intérieur.
Différents types de dispositifs architecturaux et de nombreux principes constructifs ont été mis en œuvre pour la réalisation de ces fortifications. L’hétérogénéité des systèmes défensifs atteste cependant un programme unitaire de protection du site réalisé en de nombreuses phases durant plusieurs siècles.